Qu'est ce qu'un consortium?
Un consortium définit généralement une coopération temporaire entre plusieurs acteurs en vue de conduire un projet de recherche scientifique.
Plusieurs critères peuvent être soulignés :
Le financement public du projet
La notion de « consortium » est généralement utilisée lorsque le projet de recherche fait l’objet d’un financement extérieur.
La conclusion d’un contrat de consortium est parfois imposée comme condition pour bénéficier de certains programmes de financement nationaux ou européens (ANR, Horizon Europe, …), car il permet aux parties de se conformer à la règlementation européenne en matière d’aides d’Etat.
A ce titre, nous rappelons que l’article 107 du Traité sur le Fonctionnement de l’Union Européenne (TFUE) interdit par principe les aides publiques aux entreprises, appelées « aides d’Etat », qui peuvent fausser la concurrence entre les entreprises sur le marché intérieur. Des dérogations à cette interdiction sont toutefois prévues, et un encadrement spécifique est prévu pour les aides d’Etat à la recherche, au développement et à l’innovation à travers la Communication de la Commission européenne n° 20114/C 198/01.
L’objet du contrat de consortium
Le contrat de consortium permet de prévoir :
Il doit être rédigé suffisamment précisément pour éviter la survenance de conflits entre les parties en cours d’exécution du programme de recherche et à son issue.
Identifier les connaissances antérieures
Les « connaissances antérieures » de chaque partie désignent généralement :
Elles doivent être identifiées dans une annexe dédiée afin de les protéger, notamment contre :
Les finalités et les cas dans lesquels les autres parties bénéficieront d’un droit d’utilisation sur ces connaissances antérieures doivent également être prévus (utilisation pour mener à bien le projet, pour réaliser d’autres recherches scientifiques ou pour une exploitation commerciale).
Organiser le déroulement du programme
Le contrat de consortium prévoit les droits et obligations de chaque partie pendant la durée du contrat. Il encadre en particulier les points suivants :
Prévoir la répartition de la propriété des résultats
Les résultats sont les informations et connaissances nouvelles issues de l’exécution du programme de recherche et pouvant notamment donner lieu à un dépôt de brevet, à du savoir-faire et/ou à des droits d’auteur.
On distingue :
En outre, les parties doivent anticiper et prévoir les modalités d’attribution des droits, notamment des quotes-parts de droits de propriété intellectuelle, sur les différents types de résultats obtenus.
Les règles de répartition doivent être suffisamment précises pour limiter les risques de conflit entre les parties et pour se conformer à la législation européenne sur les aides d’Etat à la recherche, au développement et à l’innovation.
Prévoir l’exploitation des connaissances
Le contrat de consortium doit prévoir les droits d’utilisation des différents types de résultats accordés à chaque partenaire (qu’il ait la qualité de propriétaire exclusif, de copropriétaire, ou de non-copropriétaire des résultats).
Il convient alors de distinguer l’usage selon qu’il s’agisse:
S’il souhaite bénéficier d’une exclusivité d’exploitation des résultats dans son domaine d’activité, le partenaire industriel doit anticiper et prévoir en amont le principe, les conditions et les modalités de cette exclusivité.
Il est recommandé d’anticiper également les modalités de fixation et de répartition des redevances d’exploitation, notamment dans le cas où un seul des partenaires exploite les résultats.
Enfin, les parties devront prévoir les modalités de prise en charge des frais de propriété industrielle (en particulier des éventuels brevets) ainsi que de défense des droits de propriété intellectuelle.
Une fois les résultats obtenus, les droits précités pourront être rappelés et précisés dans un accord de copropriété.
Anticiper la communication des résultats
Il est essentiel que les parties organisent la confidentialité et les possibilités de publications scientifiques relatives aux différentes connaissances concernées par le consortium.
Il faut concilier les intérêts des parties, souvent divergents en la matière :
Les parties doivent donc parvenir à fixer la durée et les conditions de confidentialité et de publication de manière claire, prévisible et équilibrée.
En tout état de cause, il est impératif que les règles de confidentialité permettent a minima de préserver le secret et donc la nouveauté des résultats jusqu’à la date de dépôt des éventuels brevets.
Maélys SAINGRA
18.04.2024